1775/ La Guerre des Farines

 

 La guerre des farines désigne une vague d'émeutes survenues d'avril à mai 1775 dans les parties Nord, Est et Ouest du royaume de France. Elle fait suite à une hausse des prix des céréales et consécutivement du pain, du fait de la suppression de la police des grains royales et des mauvaises récoltes des étés 1773 et 1774. Cette révolte singulière par son échelle fut réglée par un contrôle des prix du blé (avant le retour de l'abondance) et l'intervention de la troupe.

Lors de la soudure du printemps 1775, les réserves de céréales s'épuisent alors que les nouvelles récoltes ne sont pas encore arrivées. Au printemps 1775, la disette se manifeste dans ce contexte nouveau : avant l'édit de Turgot, chaque région aurait fait face à sa propre pénurie, de sorte que certaines auraient souffert d'une véritable famine tandis que d'autres auraient été totalement épargnées et approvisionnées à des prix stables. Avec la libéralisation, les grains peuvent sortir des régions épargnées pour aller vers les plus touchées, provoquant partout des hausses de prix importantes et une disette touchant plus vite plus de gens.

Le prix des grains et du pain — qui atteint 30 sous — augmente brutalement, et cette augmentation est vécue comme intolérable par les populations les plus modestes. Des rumeurs se propagent alors contre les « accapareurs » et les « monopolisateurs ».

En 17 jours, 180 conflits ont pu être recensés dans le Bassin parisien. Ces manifestations de l'économie morale prennent trois formes distinctes :

 

  • Les émeutiers dénoncent les spéculations, contraignent les gros fermiers et les propriétaires à vendre leurs stocks sur le marché à un « juste prix », pillent éventuellement boulangeries et entrepôts, et affirment rétablir les principes de l'économie morale.

  • dans les villes, sont organisés de façon similaire des attaques des dépôts et de boulangerie.

  • enfin, se met en place une entrave des circuits de communication, fluviaux et routiers dans les régions de grande culture. 


Le 27 avril, le mouvement touche paradoxalement les grandes plaines de culture, pourtant les mieux pourvues en grains, dans un premier temps la Bourgogne de l'Ouest, puis de proche en proche, le Beauvaisis, et enfin la Beauce et la Brie. 

Les séditieux sont devant Versailles le 2, et, le 3 mai, la foule pille les boulangeries de Paris. 

L'ordre est rétabli par une double action du gouvernement :

  • répressive, par l'intervention de 25 000 soldats, 162 arrestations, et la pendaison de deux émeutiers (un perruquier de 28 ans et un compagnon gazier de 16 ans qui furent exécutés pour l'exemple en place de Grève).

  •  d'assistance aux populations par l'organisation d'un approvisionnement des provinces en difficulté ainsi que par obligations faites aux propriétaires de stocks de vendre leur produit aux prix imposés. 

Le roi multiplie les messages aux masses paysannes, en particulier par l'intermédiaire du clergé lors des prônes.

 

Cinq mois furent nécessaires pour mettre définitivement fin aux troubles, mais le gros des troubles sera passé après le 11 mai 1775.