1630/ Révolte du Lanturlu

 

La révolte du lanturlu (révolte des lanturlus, révolte des lanturelus) est le nom donné, à cause du refrain "lanturlu" repris en chœur par les émeutiers, à un soulèvement populaire qui éclata à Dijon en 1630.

Lorsque le vin est exporté hors de la province, il est taxé, mais il est exonéré lorsqu'il circule à l'intérieur de la province. Les vignerons redoutent une imposition s'appliquant aussi aux ventes locales. Le bruit court, le 27 février 1630, que la Chambre des comptes va approuver la réforme. C'est le point de départ de la révolte. Il y avait déjà quelques jours que certains prévoyaient que des émeutes étaient possibles.

 

Les événements débutent le mercredi 15 mars, ce jour là une cinquantaine de personnes défilent et font tapage jusqu'à minuit dans un climat plutôt joyeux. Le 28 février les vignerons s'attroupent, dès six heures du matin et font sonner le tocsin à l'église Saint-Michel. Le chef est Anatoire Changenet dit le Roy Machart. La troupe parcourt les rues de Dijon, en chantant le refrain Lanturlu. Les manifestants brûlent un portrait du roi ; crient aussi "vive l'empereur". Les émeutiers ont prévu précisément leurs objectifs : ils vont saccager sept maisons appartenant à de notables représentant le pouvoir : il se dirigent d'abord vers la maison du trésorier général, ils la saccagent, puis, en se divisant en deux groupes, vont vers d'autres maisons : celle du président de la chambre des comptes, chez le greffier du parlement, chez le correcteur à la chambre des comptes, chez le premier président au parlement Etienne de Loisy. Trois maisons sont incendiées, les autres saccagées. Au total la durée de l'action a été de sept ou huit heures. 

Des « jaugeurs de vin » de Paris, gravure extrait d'un traité juridique et administratif sur les métiers, XVI siècle.

 

La rébellion reprend le 1er mars après-midi mais le commandant Mirebeau fait tirer sur les mutins. Quatorze sont tués place Saint-Michel. Louis XIII, informé de la situation, et alors en visite à Troyes, se rendit à Dijon le 26 avril 1630. le roi fit son entrée avec la reine mère et la reine régnante. Le 29 avril environ deux cents habitants se rendent au logis du roi avec le maire, les échevins et capitaines pour demander pardon à Sa Majesté. Le roi pardonne mais des sanctions sont prononcées contre la ville. Ces sanctions royales ne sont que très partiellement appliquées, cependant les charges financières de réparations mis à la charge de la commune sont très lourdes (l'équivalent de plusieurs années du budget de la commune).

 

Henri II de Bourbon-Condé, gouverneur, succédant au duc de Bellegarde, obtient, le 26 mars 1631, la révocation de l'édit d'élections, le rétablissement des privilèges de la ville et l'élection de des échevins dans les formes antérieures. Apparemment le pouvoir central a cédé. Mais ce changement de 1931, opérée par l'autorité royale, est moins un recul qu'une stratégie, elle ne signifie pas que le pouvoir royal ait abandonné sa volonté de contrôle : la monarchie cède moins aux demandes qu'elle ne cherche à obtenir les mêmes résultats par d'autres moyens.

 

Anatoire Changenet est jugé le 23 mars 1631.