1635 à 1637/ Révoltes Paysannes

 

Une autre révolte de croquants aura lieu plus tard dans le contexte de la guerre contre l'Espagne : la pression fiscale est lourde et des émeutes éclatent en Guyenne en 1635. À l’origine, elles sont dues à la taxe des cabaretiers (sur le vin), mais la contestation porte aussi sur les trop fortes tailles et les insurgés réclament également une dîme qui ne profiterait qu’aux petits curés, car ils méprisent le haut clergé.

La révolte est proche des petites villes mais voue une haine au pouvoir centralisateur parisien.

L'étincelle est venue de la perception d'une nouvelle imposition au profit de la défense du port de Bayonne, à la fin de l'année 1636. La première manifestation de la révolte fut le meurtre de deux gabeleurs, le 22 avril 1637, près de Nanteuil-de-Bourzac.

Les paysans réunis en assemblées des paroisses décident de faire connaître au Roi leur situation en lui adressant une supplique lui demandant la suppression des nouvelles tailles. Sans réponse, ils décident de se révolter et sont nombreux à s'engager. 

Le noble La Mothe la Forest, originaire du Bugue, est désigné comme général de cette armée paysanne lors d'une assemblée se tenant aux Terriers, à l'ouest de Périgueux. Il retient 1 000 paysans qu'il va équiper, armer, discipliner et il renvoie les autres en leur demandant de se tenir prêts.

Bois dessiné et gravé par Maurice Albe dans Les Croquants de Georges Rocal 

Le 14 mai, la ville de Bergerac s'incline devant les Révoltés. Lors des assemblées des 17 et 24 mai, les Croquants décident d'y laisser une garnison et de tenter une percée dans l'Agenais. Les cités de Eymet, La Sauvetat, Miramont et Lauzun sont prises.

Le 23 mai, le Roi demande au duc d'Épernon, résidant à Cadillac-sur-Garonne, d'intervenir pour enrayer la sédition. Pour y parvenir, celui-ci rappelle son fils - le duc de La Valette - occupé à défendre la frontière espagnole à Bayonne. Avec une armée de 3 000 hommes (fantassins et cavaliers) il arrive à la Sauvetat d'Eymet où s'étaient retranchés environ 2 000 croquants.

Le 1er juin, il assiège la cité dans laquelle Madaillan s'était enfermée avec 2 000 croquants. Le combat sera qualifié de "très sanglante boucherie" :

1 000 morts du côté des croquants et 200 hommes du côté de l'armée (dont 20 officiers). La bourgade est incendiée et les 6 000 croquants appelés en renfort arrivent trop tard. Après l'assaut des troupes royales, Madaillan réussit à s'enfuir.

Le 6 juin, La Mothe la Forest ayant été contacté par un émissaire du Duc de La Valette lui demandant de se rendre et, troublé par le désastre, offre sa reddition à condition que ses troupes ne soient pas poursuivies.

De nombreux croquants rentrent chez eux mais plusieurs chefs s'y opposent. Parmi eux se trouve Grellety qui, à la tête d'une centaine d'hommes va rester dans la forêt de Vergt pour tenir tête aux forces royales.

Le tribunal de Bordeaux qui s'est déplacé à Bergerac et à Périgueux décide d'exécuter trois chefs de Communes : Ribeyreix à Périgueux, Basque à Figeac, Buffarot à Monpazier, ainsi que des notables associés aux Révoltés.