1667 à 1675/ Révoltes des Angelets

 

Les angelets, ou les angelets de la terre, sont les paysans soulevés de 1667 à 1675 contre les autorités françaises de la province du Roussillon. L’ensemble des troubles de la période est englobé sous le nom de révolte des Angelets. La cause en est l’instauration en 1661 de la gabelle: mesure contraire aux constitutions traditionnelles des Comtés. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les provinces de Languedoc et de Roussillon d’après la carte de Noli de la fin du XVIIe siècle

En Vallespir, pays de pâtures, le sel est nécessaire à l’alimentation du bétail et à la conservation de la viande. Les habitants le font venir de l’autre côté de la toute nouvelle frontière. La taxe en fait monter démesurément le prix. En 1667, les paysans du Vallespir refusent de la payer. La contrebande s’organise. Les contrôleurs traquent les trafiquants, pour tenter de mettre fin à cette activité. Les paysans réagissent, se transformant en véritables guérilleros, harcelant les soldats français, et surtout les fonctionnaires de la gabelle. Une résistance armée s’organise, sous la conduite de Josep de la Trinxeria, un négociant de Prats-de-Mollo. La répression ne tarde pas mais cela ne décourage nullement les faux sauniers.

 Plusieurs années durant, connaissant bien le terrain, les révoltés infligent des pertes conséquentes aux troupes françaises. Du 3 août 1667 au 30 juin 1668, ils poursuivent et éliminent également un bon nombre de percepteurs du sel.

Plan de bataille autour de Maureillas en 1674.

En 1669, en Conflent, Joan Miquel Mestre, dit le Juste Héritier, reprend la traque des gabelous. C’est à ce moment-là que les révoltés sont désignés sous le nom d’«angelets». Les angelets tiennent la haute vallée du Tech et le Conflent. C’est alors que les Français envoient une armée de 4 000 soldats. Le 5 mai, les angelets sont défaits au coll de la Regina, au pied du pla Guillem. Certains se réfugient dans la principauté de Catalogne, d’autres se cachent dans les montagnes. Dernier bastion des angelets avant la défaite, le village de Py est condamné à être rasé. Du sel doit être répandu sur ses ruines.

Les hostilités sont ravivées par la guerre de Hollande (1672-1678), dont la frontière espagnole devient un des théâtres. La lutte de la population prend alors un caractère de soulèvement antifrançais. Les angelets collaborent avec la monarchie espagnole (1673).

Les angelets sont impliqués dans la conspiration de Villefranche, qui vise à réunir les Comtés à la principauté de Catalogne, le « samedi de gloire » de 1674. La conspiration est découverte. Son chef, Manuel Descatllar, est arrêté. Il est exécuté sur la place de la Loge le 20 avril 1674 et son compagnon Francesc Puig i Terrats est condamné à mort et égorgé en public. Beaucoup d’autres conjurés payent leur engagement de la perte de leurs droits civiques et patrimoniaux.

La révolte nationale des Angelets de la Terra

La population s’agite toujours. Les troupes du roi d’Espagne franchissent la frontière. La région est maintenant envahie par les troupes françaises.

La répression atteint toute la population : emprisonnements, condamnations aux galères, exécutions, confiscations de biens, lourdes amendes infligées aux communes. La révolte des angelets est considérée comme finie en 1675.

Les haines sont tellement exacerbées, le coût de la répression est si élevé que Louis XIV tente d’échanger les Comtés contre la Flandre. Mais Charles II refuse. La révolte s’étant complètement éteinte, le roi de France renonce à cet échange lors des négociations du traité de Nimègue, qui met fin, en 1678, à la guerre de Hollande.