1702 à 1715/ La Révolte des Camisards

 

Les camisards sont des protestants français (huguenots) de la région des Cévennes qui ont mené une insurrection contre les persécutions qui ont suivi la révocation de l'Édit de Nantes en 1685. De 1685 à 1700, ce petit peuple protestant est lentement passé de la résignation à la révolte, et tous ses pasteurs ayant été exécutés ou mis en fuite, se retrouve sans leaders. La place des pasteurs est alors prise par des « inspirés », prophètes sans formation qui appellent parfois ouvertement à la révolte violente. 

La guerre des Cévennes éclate en 1702, avec des affrontements de plus en plus importants jusqu'en 1704, puis une lutte moindre jusqu'en 1710 avant une paix définitive en 1715. La révolte part du massif du Bougès, dans les Hautes-Cévennes où Abraham Mazel, lors d'une réunion secrète en compagnie de Pierre Séguier, dit Esprit Séguier et de quelques autres venus des environs, reçoit le 22 juillet 1702 une « inspiration divine » lui enjoignant de libérer les protestants emprisonnés et torturés par l'abbé du Chayla au pont de Montvert. L'abbé est tué alors qu'il s'enfuit, lors de la libération par la force de ses prisonniers le 24 juillet 1702. Par la suite, des églises catholiques sont incendiées et leurs prêtres tués ou forcés à fuir.

Le 20 septembre 1703, les camisards massacrent les soixante habitants catholiques de Saturargues, près de Lunel. Avec l'aval du pape Clément XI, qui rédige une bulle excommuniant les camisards, les soldats du roi dirigés par le maréchal de Montrevel rasent plus de 450 villages, tuant parfois tous leurs habitants.

La méthode forte de la répression est d'abord sans résultat. Alors que la France est engagée dans la guerre de Succession d'Espagne (1701-1714), les camisards, qui ne sont guère plus de 2 000, mobilisent contre eux quelque 20 000 soldats du Roi plus environ 3 000 miliciens levés dans les régions environnantes.

Jean Cavalier, chef camisard par Pierre A. Labouchère, 1864.

 

En 1704, le nouveau commandant des forces royales depuis mars, le maréchal de Villars, partisan de l'apaisement, profite de la défaite de Jean Cavalier pour le rencontrer et composer avec lui. À la suite de ces négociations, Cavalier fait sa soumission à Nîmes en mai 1704. L'insurrection se poursuit toutefois pour la majorité des camisards qui refusent les propositions de l'autorité royale et qui demandent la restauration complète de leurs droits garantis par l'édit de Nantes. Mais d'autres chefs camisards tombent rapidement tel le berger Pierre Laporte, appelé « Rolland », qui est trahi et tué en août 1704, ou l'ancien soldat Ravenel, mort exécuté. 

Cela mit fin au principal épisode de la révolte. Elle connaît un regain dans le Vivarais en 1709 et 1710 jusqu'à l'arrestation, du fait d'une trahison, et l'exécution du successeur de Cavalier, le prophète Abraham Mazel.

 

Toutefois, les autorités furent soucieuses d'éviter de rallumer une telle guerre et modérèrent la répression anti-religieuse. De nombreux anciens camisards revenus à une vision plus pacifique des choses contribuèrent à partir de 1715 au rétablissement progressif d'un protestantisme toujours illégal et clandestin mais désormais bien organisé sous la conduite d'Antoine Court et de pasteurs itinérants revenus dans le pays.