1656 à 1662/ Révolte des Lustucru 

 

La Révolte des Lustucru (On leur donna le nom de Lustucrus: Personnage de chanson populaire) est un soulèvement populaire qui s'est déroulé en 1662 dans le Boulonnais. Il a eu pour cause la pression fiscale exercée par l'administration royale, au début du règne personnel de Louis XIV qui remettait en cause les privilèges des Boulonnais.

 

La révolte eut lieu en 1662 dans le Boulonnais. Le roi Louis XIV venait d'acheter au roi d'Angleterre la place forte de Dunkerque, enlevée quatre ans plus tôt aux Espagnols par la coalition franco-britannique. Le Boulonnais est un territoire de frontière, assez régulièrement pillé par les armées étrangères.

Le 19 mai 1661 fut établi un impôt annuel de 30 000 livres, la "subvention du Boulonnais et de quartier d'hiver", qui prenait la suite d'autres taxes imposées au territoire dans le cadre de la guerre de Trente Ans. Un collecteur est envoyé, mais les habitants refusent de payer.

Finalement, c'est le lieutenant général de la sénéchaussée, Antoine le Roy de Lozembrune qui prend la tête le 24 juin de 250 cavaliers pour forcer le paiement.

 

Le 25 juin : 200 habitants des communes de Questrecques, Wirwignes et Crémarest envahissent le manoir du sieur du Blaisel, à Wirwignes, obligeant les officiers qui y résidaient à s'enfuir vers Boulogne.

Le 27 juin à Marquise, le même nombre de personnes forcèrent l'entrée de maisons et obligèrent les cavaliers qui y résidaient à fuir.

 

Le 1er juillet, un millier d'hommes occupe Wimille puis à Saint-Léonard. On retrouve les révoltés quelques jours plus tard à Tingry. Le 5 juillet ils occupent Samer, ils sont alors environ au nombre de 3000.

C'est à ce moment que les révoltés s’organisent autour d'anciens militaires et de quelques nobles. Malgré cela, la révolte reste assez mal organisée.

Le 10 juillet, à l’instigation de Bertrand du Clivet, qui résidait à proximité, 800 à 900 personnes se dirigent vers Hucqueliers, où se trouvait une forteresse abandonnée, mais en bon état.

Le ministre de la Guerre, Le Tellier de Louvois, envoya à Montreuil dix compagnies de gardes-françaises, cinq de gardes-suisses, toute la cavalerie cantonnée près de la frontière d'Artois ainsi que quatre pièces de canon.

 

Le 11 juillet, après avoir repéré précisément les insurgés, l'armée se dirigea vers Hucquelier. Les révoltés se laissèrent surprendre, certains fuirent mais la plupart se réfugièrent dans la forteresse. Ce sont 594 révoltés qui sont alors fait prisonniers. Le lendemain, une partie des troupes et les prisonniers repartirent pour Montreuil. 

Le reste des troupes poursuivent la pacification du Boulonnais, mais la révolte avait perdu toute sa vigueur à la suite de ce premier coup d'éclat à Hucqueliers.

 

Machault identifia tant bien que mal des meneurs à cette révolte : Machotte dit La Forêt, Sébastien Darsy, Lemaire dit Le Pan, Garoux, de Courteville et un cocher. Bertrand du Clivet, bien que toujours en fuite, fut dégradé de sa noblesse lui et ses descendants, ses biens confisqués et sa demeure rasée.

Machotte fut condamné au supplice de la roue le 29 juillet à Boulogne ainsi que Lemaire le 2 août à Marquise. Enfin, le 4 août Sébastien Darsy fut pendu à Samer. Les deux derniers furent aussi envoyés aux galères après pénitence. Machault est à son tour roué le 19 août à Boulogne.

Malgré cela, cette répression aura su briser toute velléité de rébellion des Boulonnais qui ne connurent pas d'autre soulèvement jusqu'à la Révolution.