1363 à 1384/ La Révolte des Tuchins

 

La révolte des Tuchins ou Tuchinat est une série de révoltes survenues entre 1363 et 1384 en Auvergne puis en Languedoc, d'abord pour se défendre contre les méfaits des mercenaires anglais et gascons, puis contre les prélèvements fiscaux.

Le Tuchinat n'est pas une jacquerie spontanée mais une societas organisée dans un but défensif autour d'un chef, le capitaine, auquel l'on prêtait serment.

Les tuchins sont des hommes du petit peuple, paysans et artisans, aux bonnes intentions de résistance contre les partisans anglais et contre leurs routiers, qui se muent peu à peu à leur tour en bandes de pillards. 

La révolte des Tuchins d'Auvergne

En Auvergne, on signale des Tuchins dès 1363, à Vieille- Brioude; en 1367 et vers 1382, dans le diocèse de Saint- Flour.

Mais la principale insurrection en Auvergne, la seule même qui mérite ce nom, eut lieu en 1384. La révolte voit le jour en Auvergne. 


En 1360, Jean, duc de Berry, reçoit l'Auvergne en apanage par le traité de Brétigny. Ce dernier lève des sommes considérables pour la rançon de son père le roi Jean le Bon, fait nombre de prodigalités pour ses serviteurs mais également pour financer la construction de son immense palais à Riom. L'excès des impôts provient aussi de leur peu équitable répartition : les bourgeois, qui payaient 30 livres en devenant nobles, rejettent leur part sur les autres habitants de sa ville. Désormais 60 familles pauvres paieront 10 sols de plus chacune. Le peuple souffrait donc de ces saignées financières, ce qui monta ainsi le peuple contre la Noblesse et le Clergé.

Une maxime des Tuchins est restée célèbre et montre l'anticléricalisme des insurgés : « Au feu, toi qui nous parles de l'enfer. »

L'hiver 1383-1384 voit l'élection d'un chef tuchin originaire de Basse-Auvergne nommé Pierre de Brugère. Ce dernier vole les richesses et ornements de l'évêque d'Albi lors d'une embuscade ; il attaque également le convoi personnel de Jean de Berry, le détrousse de ses biens et massacre une partie de son escorte. Le duc, se sentant bafoué, lève des troupes et se lance à la poursuite des Tuchins dans le but de le fait mettre hors d'état de nuire. Brugère fuit avec ses troupes dans le nord du Languedoc avant de retourner en Auvergne et d'être capturé, privé de ses biens et exécuté.

Les Tuchins prennent pour nouveau chef un certain Garcia. Le Tuchinat prend fin en Auvergne après la bataille de Mentières, près de Saint-Flour. Les chefs qui ne sont pas morts au combat sont exécutés au Puy, dont l'un brûlé vif.

 

La révolte en Languedoc

En Languedoc, l'épuration est conduite par le duc de Berry et celle-ci renforce le Tuchinat, mouvement de révolte composé de paysans pauvres et armés originaires de la Haute-Auvergne. C'est désormais une guerre totale entre bourgeoisie et noblesse locale d'une part, armée et pouvoir royal d'autre part. 

La révolte des Tuchins de 1382 par Gustave Jéraube et D. Nisard

 

Arrivés près de la vallée du Rhône, au début de 1382, les révoltés campent dans les gorges de la Cèze où ils sont rejoints par des nobles dont Régis de Saint-Michel-d'Euzet, Étienne Augier dit Ferragut du Pin, Vachon de Pont-Saint-Esprit et Verchère de Vénéjan qui prennent leur tête. En septembre 1382, il recrute des mercenaires et fait venir une compagnie d’arbalétriers depuis Avignon. Ses troupes cantonnées à Bagnols-sur-Cèze attaquent alors Cornillon. Dirigées par Gantonnet d'Abzac, Commandant du Saint-Père pour le Païs de Saint-Esprit, celles-ci sèment la terreur. Guillaume III fait ensuite intervenir son capitaine des gardes de Bagnols, Jean Coq. Ce dernier réussit à pacifier le pays en expulsant les chefs du Tuchinat, ce qui permet de signer la paix en février 1383. Une partie des Tuchins refluèrent en Auvergne entre 1384 et 1389.

Les Tuchins prirent également le parti de Charles Duras contre les Angevins en Provence lors de la guerre de l'Union d'Aix. L'épisode le plus dramatique fut la prise de la ville d'Arles. Au printemps de l'année 1384, le chef tuchin allié de Charles Duras, Étienne Augier plus connu sous le nom de Ferragut, s’installa dans les Alpilles, fit régner la terreur jusqu'au Rhône et prit la ville d'Arles le 24 juillet avec des complicités internes. Après quelques heures de troubles, les habitants se révoltèrent contre les Tuchins et les chassèrent de la cité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le lendemain, une répression sévère fut menée contre leurs partisans.

À cette période, la révolte était devenue impopulaire et l'aspiration à la paix la plus forte.