1643/ Révolte Paysanne dans le Rouergue

 

L’accroissement des charges fiscales, particulièrement des tailles et les procédés vexatoires des fermiers prévaricateurs, chargés de la levée des impôts, vont provoquer une explosion de fureur populaire.

 

Au lendemain de la mort de Louis XIII, les paysans rouergats se soulèvent. On les appelle « les croquants ».

Le 26 juin 1643, un de leurs chefs, Bernard Calmels, dit « Lafourque », apprend que Monsieur Imbert, conseiller en l’élection de Villefranche est à Marcillac. Rassemblant ses troupes, Lafourque investit la ville. M. Imbert, avisé à temps, par Monsieur de Tullier, conseiller du roi et trésorier général de France en la généralité de Montauban, qui se trouve en son château de Combret, réussit à se sauver ainsi que son épouse.

En cette fin juin 1643, plus de 1.200 croquants venus de Najac, Rieupeyroux, Moyrazès, Belcastel, Boussac, Castelnau-Peyralès, Saint-Salvadou, Sauveterre, Colombiès, Marcillac et d’ailleurs accourent à Villefranche.

Dirigés par le chirurgien Jean Petit et le maçon-aubergiste Guillaume Bras, ils contraignent l’intendant de Charreton à signer deux ordonnances, l’une donnant décharge des tailles de l’année pour tout le Rouergue, l’autre les ramenant au taux de 1618. Forts de cette réussite, ils reviennent au cœur de l’été, au nombre de 10.000, mettre le siège devant Villefranche. Mais le gouverneur de la province réussit à les éloigner. Les meneurs sont arrêtés. Petit et Bras sont roués. Trois autres sont pendus. Lafourque avait réussi à ne pas se faire prendre et à occuper le château de Najac avec un important groupe de croquants.

Le 11 octobre 1643, Mazarin écrit au comte de Noailles, gouverneur de Najac : « La facilité que vous avez trouvée à faire lever le siège de Villefranche fait aussi voir que vous n’aurez pas beaucoup de peine à reprendre Najac et à dissiper les croquants ».

 

La mission sera tôt remplie. Lafourque est arrêté à Najac, dénoncé par son complice Rousset, ainsi que deux de ses lieutenants : Ferrier, et Mathieu Vergnes, tisserand. Ils sont jugés à Villefranche et ramenés à Najac pour y être exécutés devant la porte principale de l’église. Ils sont tous trois condamnés : « à estre sur la place, en chemise et à genoux, tête et pieds nus, ayant le hard au col, et tenant chacun, à la main, une torche ardente du poids de quatre livres ». On les oblige à demander pardon de leurs crimes « à Dieu, au Roy, et à la justice » puis ils sont chacun liés à la roue « rompus et brisés tout vifs en divers coups sur les bras, cuisses et jambes ».

Leurs corps finiront exposés sur les gibets du Puech de Rigaud dominant Najac. La tête de Lafourque est envoyée, le 20 octobre, à Marcillac, où il avait « fait commencer le soulèvement de ce menu peuple », pour y être exposée sur la principale tour de la ville.